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La ludicité du jeu peut-elle

 

réveler du sérieux ?

Le jeu de l'enfant
 
L'influence du jeu sur sa formation
La relation de l'adulte avec le jeu

Qu'est-ce que le jeu ?

 

          Pour comprendre la signification du terme "jeu", il faut analyser son éthymologie. En latin, le jeu est désigné par le terme "ludus", qui signifie "le jeu" ou "l'école". En français, ce terme donna le mot "ludique". Le terme "jeu", quand à lui, vient du mot latin "jocus" qui veut dire "plaisanterie" ou "badinage". Si le mot "jeu" s’applique à une multitude d’activités, il caractérise essentiellement la capacité à s’abstraire un instant de la réalité et s’engager dans un espace de liberté.

          Concrètement, le jeu est une activité divertissante, soumise ou non à des règles, qui est pratiquée par les enfants (de manière désintéressée), et par les adultes (parfois à des fins lucratives).

          Mais à travers ses divers aspects, le jeu apparaît comme une manière de prendre quelques distances envers les caractéristiques qui, dans la vie courante, fixent l'individu à sa place et le situent dans le monde qui l'entoure. On retrouve ainsi l'un des sens à première vue secondaires du mot, puisque l'on dit d'une pièce qui n'est pas entièrement prise dans un mécanisme qu'elle a du jeu, c'est-à-dire une certaine facilité dans ses mouvements et une certaine indépendance par rapport à la machine dont elle fait partie. De la même façon, en jouant, l'homme se donne l'illusion d'une liberté dans son rôle social. On comprend alors que le jeu puisse, aussi longtemps que ce rôle n'est pas lui-même bien défini, permettre une sorte d'apprentissage de la vie collective en s'appropriant des rôles qu'elle peut proposer. Ainsi, l'activité ludique pourrait être un processus important dans la socialisation de la personne, par le fait même qu'elle crée une distance avec les caractéristiques. C'est probablement la raison de la complicité entre l'enfance et le jeu.

 

 

 

 

 

 

 

 

La vision du jeu tout au long des siècles

 

 

          Durant l'Antiquité et jusqu'au XVII ème siècle, le jeu est perçu comme une activité futile, superficielle. Dans la conception chrétienne, l'enfance possède une vision très négative : l'enfant est dépourvu de raison et est donc, démuni face au mal. Pour Saint-Augustin, philosophe et théologien du V ème siècle, l'enfance est un lieu de mal et de pêchés.

          Des humanistes à la philosophie des Lumières, l'enfant est considéré comme un être fragile et innocent. Selon René Descartes, mathématicien, physicien et philosophe français du XVII ème siècle, « la principale cause de nos erreurs [tient dans] les préjugés de l'enfance».

Pour John Locke, philosophe anglais du XVII ème siècle, l'enfant est une « cire molle » qu'il faut conduire sur la voie de la raison.

 

          

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

          Tout au long de cette période, deux conceptions du jeu se distinguent. La première est celle du jeu de délassement, de la récréation. Cette conception d'Aristote, fameux philosophe grec de l'Antiquité, reprise par les Pères de l'Église, stimule que le jeu n'a pas de fin en lui-même. Il est conçu comme une récréation nécessaire pour reconstituer ses formes, ré-emmagasiner son énergie (contrairement au travail).

          Selon Saint Thomas d'Aquin, religieux du XIII ème siècle, « Toute forme de travail se doit de requérir un contrepoids ludique ».

         

           Certains voit le jeu plutôt comme une « ruse pédagogique », même si l'on ne pensait pas qu'il possédait de valeur éducative. Pourtant, les études doivent prendre l'aspect de jeu pour intéresser l'enfant. Quintilien, pédagogue latin du premier siècle après J.C, proposait diverses techniques pour transformer l'apprentissage en amusement, comme des gâteaux en forme de lettres. Pour Érasme, philosophe humaniste du XVI ème siècle, le jeu était un moyen pour séduire les enfants et les mettre au travail. John Locke, lui, préconisait de laisser à l'enfant le jeu et la récréation pour ensuite venir travailler avec plaisir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

          A partir du XIXème siècle, le jeu devient une activité sérieuse. La nature enfantine devient alors une référence positive. Pour Jean-Jacques Rousseau, philosophe des Lumières, la nature à fait de l'Homme un être bon et heureux, mais qui a été corrompu par la société dans laquelle il vit. Donc la nature enfantine doit être préservée par l'éducation qui la prend en compte. D'après son traité Émile, ou De l'éducation (1762), « l'enfance a des manières de voir, de penser, de sentir qui lui sont propres ».

 

         Cette révolution dans la représentation de l'enfance crée tout un courant philosophique, puis pédagogique qui se développe à la fin du XVII siècle et au XIX siècle, notamment en Allemagne avec Friedrich Frobel, pédagogue allemand du XIX ème siècle, par exemple. Le jeu de l'enfant devient selon lui, une activité digne. Pour J. Richter, dans son œuvre Levana (1807) dit que l'enfance est « l'âge d'or de l'Homme ».

 

         Dès lors, le jeu devient le sujet d'étude de nombreux pédagogues, qui tente de découvrir ce que le jeu, malgré son aspect anodin, peut apporter au développement de l'individu, et plus particulièrement, à celui de l'enfant.

John Locke

Aristote

Jean-Jacques Rousseau, et son oeuvre Emile, ou De l'éducation

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